bretagne-sud
27 & 28 novembre 2021 : Fête de l'Humanité Bretagne
Les amis de Bretagne-Sud seront présents avec :
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Une table présentant des brochures et livres sur la Commune
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L'exposition "Les Femmes dans la Commune de Paris"
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Une conférence sur la communarde brestoise Nathalie Le Mel par Marc Forestier
Le public et le débat sur la Commune
16 octobre 1871 : un article du Radical sur les pontons de Lorient
L'article ci après (dont on ne publie qu'un extrait) est paru dans le n°3 du Radical de Jules Mottu, numéro daté du 17 octobre 1871, page 3. Il est dû à un correspondant anglais du Times qui a visité les pontons de Brest et de Lorient.
L'extrait concerne les pontons de Lorient.
De Brest, je me rendis à Lorient. L’amiral qui y remplit les fonctions de préfet maritime, avec cette courtoisie qui distingue les officiers de la marine française, mit un canot à ma disposition, et je me rendis, en commençant ma tournée, à bord de la Vengeance, grande frégate de premier rang, contenant à peu près 500 prisonniers.
Les pontons de Lorient sont au nombre de trois et ont le désavantage de n’être pas, comme à Brest, des vaisseaux à deux ponts. Le faux pont n’y est ni si éclairé ni si bien ventilé ; d’un autre côté le pont a été en partie recouvert d’une toiture et les prisonniers peuvent y stationner, même par le mauvais temps.
On a fait sur ces pontons une installation qui n’existe pas sur les autres et qui consiste en une sorte de grand compartiment avec barreaux au centre du navire, avec un passage en abord où se promènent les factionnaires. Cela permet de surveiller les détenus, et en même temps de laisser toujours les sabords grand ouverts ; une petite pièce de canon en cuivre enfile toute la galerie.
Les détenus étaient occupés là de la même manière que sur tous les autres pontons, et j’aperçus un peintre faisant une esquisse au crayon, fort bien réussie, d’un de ses camarades.
On remarque sur les pontons de Lorient plusieurs différences de détail dans leur régime, comparé avec celui des pontons de Brest, les autorités maritimes de chaque port ayant une certaine latitude pour leurs arrangements. À Lorient, par exemple, les détenus sont partagés en groupes de dix ; chaque groupe a un chef choisi dans son sein et qui est responsable du bon ordre vis-à-vis de l’officier commandant.
Chaque groupe a cinq hamacs, qu’il utilise comme il l’entend. Quelques individus préfèrent coucher sur le pont ; d’autres s’emmatelottent pour le même hamac : on doit reconnaître qu’ici comme à Brest c’est le coucher qui laisse à désirer.
Les rations sont les mêmes dans tous les ports mais le nombre des détenus qui peuvent se promener sur le pont diffère. Ainsi sur le ponton que je visitais, on ne laissait monter que quatre-vingts personnes à la fois, ce qui donnait une heure et demie de promenade à chaque homme ; comme il n’est pas permis de fumer dans les batteries, le moment de liberté sur le pont est fort recherché. Le faux-pont étant moins confortable que la batterie, les détenus y sont remplacés toutes les semaines.
Les capitaines-instructeurs ont fini leur travail à Lorient depuis dix jours et des prisonniers sont relâchés par 10 à 50 par jour, sur des ordres venus de Versailles. Leur nombre primitif était de 1,200 ; il y en a eu 500 de relâchés, mais il y a eu de nouveaux arrivages, en sorte que le nombre total des habitants des pontons en ce port est de 1,050. l’hôpital est dans la forteresse de Saint-Louis, à l’entrée du port, dans laquelle se trouvent aussi environ 200 prisonniers, sous la surveillance de l’autorité militaire.